Journal Intime d'une Dépressive qui se Soigne

Je m’appelle Élyra Solän. Jeune femme d’une trentaine d’années, maman de deux enfants, j’apprends à affronter mes peurs, mes blessures et mes silences. J’écris ici pour me soigner, pour me retrouver, et pour ne plus transmettre ce qui m’a fait mal. J’ai compris que demander de l’aide, c’est une immense force.

Le monde bruine, mon cœur tremble, mais pour la première fois depuis longtemps… je ne suis plus seule.

Il y a des jours où même l’air semble retenir son souffle.
Des jours où l’on rentre chez soi un peu cassée, un peu vidée, un peu vraie.
Aujourd’hui fait partie de ceux-là.
Je suis revenue du médecin, et quelque chose en moi a bougé.
Pas suffisamment pour apaiser, mais assez pour éclairer un coin sombre que je n’osais plus regarder.

Alors j’écris, pour déposer ce qui pèse et pour ne pas me perdre.

La première émotion qui m’habite maintenant que je suis rentrée, c’est un mélange étrange : je suis vidée, je suis fière, je suis soulagée.
Contradictoire, oui. Mais c’est exactement ce que je ressens.

Pendant le rendez-vous, il y a eu ce moment particulier, presque suspendu :
lorsqu’il a pris le temps de lire chaque ligne de mon carnet, ces huit ou neuf pages recto verso où j’avais tout laissé tomber.
Mon chaos. Mon passé. Mes peurs.
Il a tout lu. Sans détourner les yeux, sans juger, sans fuir.

Et plus il lisait, plus je voyais sa tête bouger lentement, comme si chaque phrase confirmait une douleur qu’il sentait déjà dans l’air.
Quand il a levé les yeux vers moi, il m’a dit sans détour :

« Vous êtes en détresse profonde. Et vous avez besoin d’aide. Maintenant. »

Mais il a ajouté autre chose, quelque chose que je n’avais jamais entendu de personne :
que ce que j’avais écrit là, ce que j’avais osé affronter seule,
peu de personnes étaient capables de le faire.

Et cette phrase-là m’a secouée — presque tendrement :
pour la première fois depuis si longtemps,
j’étais vue.
Entendue.
Validée.

Puis il a été honnête, très honnête :
Ce sera long.
Ce sera douloureux.
Ce sera difficile.

Et pourtant, paradoxalement, c’est cette vérité-là qui m’a donné le plus d’espoir.
Parce qu’elle ne mentait pas.
Parce qu’elle ne cherchait pas à embellir, ni à minimiser.
Parce qu’elle disait une chose simple et profonde :
il y a un chemin.

Mon corps, lui, continue de parler.
Je tremble encore.
Je suis épuisée.
J’ai mal au dos, mal à la tête, mal partout et nulle part.
Mais il y a un souffle, discret mais réel :
le soulagement.
La certitude d’avoir fait ce qu’il fallait.
Et l’intuition que je ne suis plus seule dans ce combat.

Le traitement me fait peur — la thérapie encore plus.
Mais je crois que je sais enfin pourquoi je tremble :
parce que je ne fuis plus.
Parce que je me regarde en face.
Parce que je me sauve un peu.

Sa phrase continue de résonner dans ma poitrine :
« Vous êtes trop à vif pour commencer la psychanalyse maintenant. Elle ferait plus de dégâts qu’autre chose. Janvier sera le moment. »

C’était une mise en garde.
Et une protection.
Un « on va y aller, mais pas n’importe comment ».
Un « on ne vous laissera pas tomber ».

Si je devais résumer mon état en une seule image, ce serait une fenêtre entrouverte dans une pièce encore sombre.
Pas encore la lumière.
Mais plus totalement la nuit.

Je ne sais pas encore où ce chemin me mène.
Je sais seulement qu’il commence ici,
au milieu de cette bruine,
au milieu de mes tremblements,
au milieu de mes peurs et de mes premières respirations.

Peut-être que c’est ça, le début de la guérison :
oser avouer qu’on n’y arrive plus.
Oser demander de l’aide.
Oser trembler.
Oser recommencer à espérer.

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