
Il y a des mots qu’on n’écrit pas pour créer une réaction.
On les écrit parce que les garder à l’intérieur devient trop lourd.
Cette lettre, je ne l’ai pas écrite pour provoquer,
ni pour forcer un changement.
Je l’ai écrite parce que quelque chose en moi ne pouvait plus se taire.
Et après l’avoir envoyée, j’ai observé.
Sans attente démesurée.
Sans naïveté.
Mais avec une lucidité nouvelle.
Je n’ai pas écrit cette lettre pour provoquer un électrochoc.
Je l’ai écrite par nécessité vitale.
Pas par colère.
Pas par vengeance.
Mais parce qu’il fallait que ce soit dit.
Même si ça dérange.
Même si ça bouscule.
Même si ça fait peur.
Depuis, je sens que quelque chose a bougé.
Je le perçois dans les échanges,
dans la fréquence,
dans une forme de rapprochement, presque légère.
Et je ne le nie pas.
Je ne fais pas semblant de ne pas le voir.
Mais aujourd’hui, je ne me verse plus d’illusions.
Je sais qu’un vrai changement ne se décrète pas.
Je sais qu’il ne naît pas en quelques jours.
Je sais qu’il ne se mesure ni à une attention soudaine,
ni à une communication plus fluide.
Je sais que le temps est le seul révélateur honnête.
Et surtout… je sais reconnaître les mécanismes.
Parce que je les ai trop vus.
Trop vécus.
Trop subis.
Ces moments où, lorsqu’une limite est posée, quelque chose se réactive :
une proximité soudaine,
un lien plus appuyé,
une présence presque trop ajustée.
Je ne dis pas que c’est conscient.
Je ne dis pas que c’est mal intentionné.
Je dis simplement que je connais ces dynamiques.
Et que mon corps, lui, ne se trompe plus.
Avant, j’aurais voulu y croire immédiatement.
Avant, j’aurais mis mes ressentis de côté pour préserver le lien.
Avant, je me serais effacée encore.
Mais aujourd’hui, je suis ailleurs.
Je suis assez lucide pour observer sans juger.
Assez en paix pour ne pas réagir dans l’urgence.
Assez ancrée pour sentir quand quelque chose est sincère…
et quand cela rejoue un ancien schéma.
Je ne ferme aucune porte.
Mais je n’ouvre plus en grand sans sécurité.
Ma priorité a changé.
Ma priorité, maintenant, c’est moi.
Mon équilibre.
Ma paix.
Ma reconstruction.
Je ne me mettrai plus en retrait pour laisser les autres exister.
Je ne me réduirai plus pour maintenir une harmonie qui me coûte trop cher.
Je ne sacrifierai plus mon espace intérieur pour préserver un lien bancal.
S’il y a un changement réel, profond, durable,
je le verrai dans le temps.
Dans le respect répété.
Dans l’absence d’ingérence.
Dans la capacité à me laisser être, pleinement.
Et s’il n’y en a pas…
je saurai aussi me protéger sans culpabilité.
Je sais aujourd’hui que je ne me trahirai plus.
Je sais que je n’ai plus besoin de forcer les liens.
Je sais que je peux aimer sans m’abandonner.
Cette lettre n’était pas une attaque.
C’était un acte de survie.
Un acte de vérité.
Et désormais, je marche avec plus de calme,
mais aussi avec des limites claires.
Parce que me choisir n’est plus une option.
C’est une nécessité.
Je n’attends plus que les choses changent vite.
J’attends qu’elles changent vrai.
Je laisse le temps faire son œuvre,
et moi, je continue de me préserver.
Parce qu’aujourd’hui,
je sais exactement ce que je mérite —
et ce que je ne suis plus prête à accepter.








