Journal Intime d'une Dépressive qui se Soigne

Je m’appelle Élyra Solän. Jeune femme d’une trentaine d’années, maman de deux enfants, j’apprends à affronter mes peurs, mes blessures et mes silences. J’écris ici pour me soigner, pour me retrouver, et pour ne plus transmettre ce qui m’a fait mal. J’ai compris que demander de l’aide, c’est une immense force.

Je protège ma paix, même si cela m’oblige à partir pour pouvoir mieux respirer.

Il y a des soirs où l’on ne tient plus.
Pas parce qu’on est faible, mais parce qu’on a trop tenu.
Des soirs où le corps lâche avant la tête,
où les larmes sortent enfin après des jours à rester debout coûte que coûte.

Ce texte est né dans l’un de ces soirs-là.
Pas pour expliquer.
Pas pour accuser.
Juste pour déposer ce qui déborde,
et rappeler que guérir n’est pas linéaire, ni propre, ni silencieux.

Quand la reconstruction passe par l’effondrement

Il y a des moments où l’on ne tient plus debout.
Pas parce qu’on est faible.
Mais parce qu’on a tenu trop longtemps.

Ce soir, je ne suis pas en colère.
Je ne suis pas en agitation.
Je suis en effondrement.

J’ai attendu que la maison s’apaise.
Que les enfants dorment.
Que le silence tombe enfin.
Et c’est là que tout est sorti.

Parce que c’est souvent comme ça que ça se passe :
on tient pour les autres,
on sourit pour protéger,
on avance pour ne pas inquiéter,
et on s’autorise à tomber seulement quand plus personne ne regarde.

Ce que je vis n’est pas un “coup de trop”.
C’est une accumulation.
Une succession de pressions, d’ingérences, de paroles déplacées, de gestes faits sans demander,
de décisions prises à ma place,
de messages envoyés sans me consulter,
de limites franchies comme si les miennes n’existaient pas.

Et quand on est en reconstruction,
quand on soigne une santé mentale fragile,
quand on apprend à respirer à nouveau,
ce genre de choses ne glisse pas.

Ça percute.
Ça ravive.
Ça fatigue.
Ça brise l’équilibre qu’on met des jours, parfois des semaines, à construire.

Je ne suis pas en train de “faire une crise”.
Je suis en train de décharger.

Je pleure parce que mon corps n’en peut plus de contenir.
Parce que mon système nerveux est saturé.
Parce que j’ai atteint cette limite invisible où l’on ne peut plus encaisser sans se perdre soi-même.

La guérison n’est pas linéaire.
Elle n’est pas belle.
Elle n’est pas constante.

Il y a des jours où l’on avance.
Et il y a des soirs comme celui-ci,
où l’on s’effondre pour ne pas se briser.

Et ce n’est pas un échec.
C’est une étape.

Je suis fatiguée que l’on veuille décider de ma vie.
Fatiguée qu’on s’impose dans mon espace sans invitation.
Fatiguée que l’on minimise ce que je traverse.
Fatiguée de devoir encore répéter que ma vie m’appartient.

À ce stade, ce n’est plus de l’inconfort.
C’est insupportable.
Parce que ça dure depuis trop longtemps.
Parce que j’ai 32 ans, bientôt 33,
et que cette dynamique a existé toute ma vie,
sous des formes différentes,
mais toujours avec la même violence silencieuse.

Je suis une femme en reconstruction.
Et ma paix n’est plus négociable.

Ce soir, je n’ai pas de solution.
Je n’ai pas de discours.
Je n’ai pas de force.

J’ai juste besoin que mon mental se taise.
Que mon corps se repose.
Que les larmes fassent leur travail.

Et peut-être que demain,
quand la tempête sera un peu retombée,
je pourrai à nouveau me relever.

Mais ce soir,
je m’autorise à tomber.

Parce que parfois,
la seule façon de continuer à vivre,
c’est de s’arrêter de lutter.

Je n’écris pas ces mots pour qu’on me comprenne.
Je les écris pour me respecter.

Je protège ma paix, même si cela dérange.
Même si cela bouscule.
Même si cela m’oblige à m’éloigner pour survivre.

Guérir, parfois, ce n’est pas aller mieux.
C’est accepter de tomber sans se trahir.
C’est écouter ce qui crie à l’intérieur
et choisir, enfin, de respirer.

Posted in

Laisser un commentaire