
Il y a des jours où le monde devient flou derrière une vitre qui ruisselle.
Des jours où même mes pensées semblent glisser, comme la pluie qui s’effondre sur le verre. J’aimerais dire que je sais exactement ce que je ressens, que j’avance avec clarté, mais la vérité… c’est que je marche dans un brouillard épais.
Je suis entre deux battements de vie :
entre ce que je crois accepter,
et ce que je n’arrive pas encore à encaisser.
Je suis seule dans un silence qui n’est ni doux ni violent.
Juste… présent.
Un silence qui laisse trop de place à mes émotions, et pas assez à ma respiration.
Il y a en moi cette étrange dualité :
si je pense trop, je pleure.
si je pense trop peu, je pleure aussi.
Je flotte quelque part au milieu, épuisée de chercher un équilibre qui n’existe pas encore. Peut-être que c’est ça, la transition : un espace suspendu, un entre-deux où l’on ne sait plus très bien si l’on tombe ou si l’on guérit.
Et pourtant, au milieu du chaos, il y a des vérités qui cognent.
Aujourd’hui, j’ai appris quelque chose que je ne sais pas comment recevoir.
Quelque chose qui, au même moment, m’a soulagée et m’a fait mal.
Quelque chose qui m’a traversée comme une pierre lancée dans l’eau :
d’abord un choc, puis des cercles qui s’élargissent longtemps.
J’ai senti une part de moi murmurer :
“La justice existe. Le karma existe. La vie remet parfois les choses en place.”
Et une autre part de moi, immédiatement, s’est effondrée dans la culpabilité.
Parce que je connais son cœur, ses rêves, ses peurs.
Je sais ce que ce travail représentait pour lui.
Je sais ce qu’il perd, et je n’ai jamais souhaité ça.
Alors je reste là, entre deux chaises, entre deux émotions qui s’opposent et se frôlent.
Ce n’est pas la souffrance que je regarde.
C’est l’espace que ça ouvre en moi — cet espace où je me dis que peut-être, je ne suis pas folle, peut-être que ce que je ressens a vraiment un poids. Peut-être que la vie, parfois, fait éclater ce que l’on se forçait à ignorer.
Aujourd’hui, je suis fatiguée.
Fatiguée de comprendre.
Fatiguée d’encaisser.
Fatiguée de faire semblant que tout va bien.
Mais écrire… ça pose les choses.
Ça me raccroche à quelque chose de vrai.
Et peut-être qu’un jour, relisant ces lignes, je verrai non pas la douleur, mais la femme en train de naître derrière elle.
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